LeTemps 29.05.2016: La galaxie toujours plus complexe des soutiens à la fintech suisse


Des associations qui promeuvent l’innovation dans les technologies financières à des groupes ciblant des intérêts très spécifiques, les initiatives se sont multipliées en Suisse. Tour d’horizon des principaux acteurs du secteur.

Plus d’une vingtaine d’associations, incubateurs ou espaces de travail pour créateurs d’entreprises sont dédiés désormais au soutien des technologies financières en Suisse, ou «fintech» dans le jargon. Alors que la promotion des projets liés aux sociétés fintech incombait jusqu’à il y a peu à des structures plus ou moins informelles qui organisaient de temps à autre des rencontres sur ce thème, le soutien à l’innovation dans les technologies financières en Suisse est désormais l’affaire de toute la place financière, voire de la Confédération. Début mai, la première journée intitulée Swiss Fintech & Digitization Day, organisée par Swiss Finance Startups, a même accueilli le président de la Confédération, Johann Schneider-Ammann.

Trois associations promeuvent la fintech helvétique

Pas moins de trois associations promeuvent les intérêts de la place financière autour de cette thématique. C’est le cas notamment deSwiss Finance Startups (SFS), dirigée depuis mai par Christina Kehl, qui était auparavant cofondatrice de la start-up Knip active dans le domaine de l’assurance en ligne. L’organisation, créée en 2014, compte 80 start-up parmi ses membres. En tout, plus de 160 entreprises en Suisse sont actives dans les fintech, dont 32 uniquement pour la Suisse romande, avait estimé un rapport de l’IFZ publié en mars dernier.

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SFS ne se conçoit pas comme une simple plateforme de contacts entre acteurs de la branche mais entend aussi soutenir la création de partenariats avec des entreprises établies de la place financière. L’organisation bénéficie d’un soutien financier de la part de l’économie suisse et du secteur financier, sans préciser davantage les montants engagés. En quoi se différencie son action d’autres structures existantes en Suisse dans ce domaine?

Pour Christina Kehl, la particularité de l’organisation est d’avoir placé dès le début les start-up fintech au cœur de son activité. Parmi les thèmes d’actualité traités en ce moment par SFS, elle cite par exemple la problématique de la fiscalité pour les start-up à Zurich ou les conditions-cadres réglementaires de la Finma. A la question de savoir si l’organisation ambitionne de devenir une sorte d’organisation faîtière pour la fintech, la directrice préfère «laisser à d’autres le soin d’une telle interprétation». De manière générale, les structures qui promeuvent la fintech en Suisse restent organisées de manière décentralisée, personne ne prétendant représenter la branche dans son ensemble.

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La Swiss Finance + Technology Association (Swiss FinteCH ou SFTA), une association indépendante, ambitionne, elle, de faire de la Suisse un «hub fintech global». Cette structure veut faciliter les contacts entre entrepreneurs et conseiller les start-up actives dans ce secteur. Ses activités sont multiples: elle organise par exemple début juin le lancement pour la Suisse d’un livre sur la fintech. La SFTA travaille aussi à la préparation d’une publication consacrée au rôle des femmes dans la fintech, incluant notamment une liste d’une cinquantaine de femmes d’affaires actives dans ce domaine, comme l’indique son président John Hucker.

Présentant un profil plus général, l’association Swiss Fintech Innovations, soutenue notamment par les banques Credit Suisse, Raiffeisen, Lombard Odier, la BCZ ainsi que les assureurs Helvetia et Swiss Life ou encore la SIX, vise, elle, à promouvoir les domaines de la numérisation et de l’innovation dans le secteur financier en Suisse. Créée fin mars, elle entend avant tout «fédérer les efforts» des entreprises actives dans ce secteur et assurer un échange direct avec les acteurs financiers, technologiques, scientifiques ou politiques. Une collaboration est prévue avec l’incubateur de jeunes pousses Swiss Fintech Research Lab de l’Université de Zurich.

Accélérateurs…

Pratiquement, les créateurs de start-up actives dans la fintech peuvent aussi compter sur l’appui de plusieurs structures qui leur est dédié. Les spécialistes de la branche distinguent entre accélérateurs – des structures qui visent à accompagner la première phase d’existence des jeunes pousses – et les incubateurs, où elles pourront se développer ultérieurement. La première catégorie inclut notamment Kickstart Accelerator, un programme de soutien à la création de start-up fondé en 2015 par la Kick Foundation et l’initiative DigitalZurich2025 lancée notamment par Ringier.

A Genève, Fusion propose depuis l’été dernier un accompagnement durant douze mois à 10 start-up sélectionnées auparavant. On peut aussi citer Nexussquared, un projet basé à Zurich qui vient d’être lancé fin avril, pour promouvoir les start-up spécialisées dans la technologie «blockchain».

… et incubateurs

Plusieurs incubateurs ou laboratoires ont aussi été lancés en 2015. C’est le cas de l’incubateur de F10, un incubateur situé à l’Ouest de Zurich dédié à la fintech. Créé avec le soutien de la SIX, il a ouvert ses portes en août dernier. Dans l’assurance, on peut aussi citer leSwiss Life Lab soutenu par l’assureur zurichois.

S’y ajoutent des initiatives non spécifiques à la fintech mais aussi très utilisées par les start-up actives dans ce domaine. C’est le cas des espaces de travail partagé Impact Hub présents à Genève et à Zurich.

Le tour d’horizon ne serait pas complet sans évoquer encore des structures qui se concentrent sur une thématique particulière. C’est le cas de la Swiss Crowdfunding Association, une plateforme indépendante qui promeut du financement participatif en Suisse, ou encore de la Bitcoin Association Switzerland qui soutient l’usage de la monnaie virtuelle dans le pays. Enfin, la Digital Finance Compliance Association se spécialise, elle, dans les aspects légaux ou réglementaires liés à l’usage des monnaies numériques.